A l’ombre des figuiers sauvages

Bassanese.org v8

Bye Wordpress

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Après dix années d'utilisation et de satisfaction, je vais abandonner Wordpress pour faire tourner ce site.

Alors qu'en 2004, Wordpress était ce qu'il se faisait de mieux en matière de CMS, aujourd'hui c'est devenu une usine à gaz qui ne me convient plus suite à l'introduction récente de certaines fonctionnalités non-désirées en "core", le moteur du CMS.

Cela a commencé par l'usage des polices de caractères de Google, avec des requêtes vers le site de Google, et ce même depuis la partie d'administration.

Puis récemment par l'utilisation forcée des émojis, qui rajoute entre autre des scripts dans l'entête du site en plus de faire des requêtes vers le site wp.org

D'une part, il m'apparait particulièrement contre-productif de devoir installer à chaque changement de version des plugins pour désactiver ces fonctionnalités "core" ! Et d'autre part, toutes ces requêtes externes sont autant de façons détournées de traquer les internautes. Ce que je n'apprécie pas plus.

Bref, bye Wordpress.

Sinon c'est notre humanité qu'on perd peu à peu

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A ceux qui me répètent qu’on ne peut pas accueillir "toute la misère du monde".

Par rachel nef

Parce que je n'en peux plus d'entendre, à chaque fois que je dis que je travaille dans l’accompagnement des demandeurs d’asile “Mais il sont vraiment trop nombreux, non ?” “Déjà que la France est un des pays les plus généreux en Europe...” et autres “La France ne peut pas  accueillir toute la misère du monde"... j'ai décidé d’écrire ce texte, pour contenir ma frustration, mon indignation qui croît chaque jour en entendant les politiques nous abreuver de chiffres hors contexte censés nous démontrer que nous sommes une forteresse assiégée, et contenir ma tristesse de voir notre gouvernement de “gauche” si tétanisé par l’influence de l’extrême droite dans le champ politique qu'il finit par rentrer dans son jeu... Je comprends que les gens finissent par s'y perdre et par se demander si, vraiment, on accueille trop de demandeurs d’asile en France.

Alors déjà pour ceux qui me citent la fameuse phrase de Rocard, il ne faudrait tout de même pas en oublier la seconde partie : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre sa part ».

Et pour ce qui est de prendre sa part, on va le voir, malgré son image de pays des Droits de l’Homme, la France est loin d´être exemplaire.

En ce qui concerne les demandeurs d'asile – c’est à dire des personnes ayant fui leur pays parce qu’elles y ont subi des persécutions ou craignent  d’en subir et qui sont en quête d’une protection internationale – la France a enregistré 62800 demandes d’asile en 2014, loin derrière les États-Unis (88400) ou d’autres pays d’Europe comme l’Allemagne par exemple (202 700 demandeurs), la Suède (81200) ou l'Italie (64600)1.

Et si on rapporte ce chiffre a la proportion de la population de chaque État membre de l’UE, ce qui est plus significatif, les taux les plus élevés de demandeurs ont été enregistrés en Suède (8,4 demandeurs d’asile pour mille habitants), devant la Hongrie (4,3), l’Autriche (3,3), Malte (3,2), le Danemark (2,6) et l’Allemagne (2,5). La France n’arrive qu’en douzième position (1 demandeur d’asile pour mille habitant).

La France est donc loin de “ployer” sous le poids des demandes comme on ne cesse de nous le répéter.

La France n’est pas non plus le pays qui accorde le plus de statuts de réfugié (ce qui constitue l’aboutissement “positif” de la demande d’asile) : en 2014, dans l’UE, 45% des demandes d’asile ont été reconnues positives. Le taux d’accord en France pour 2014 était quand a lui de 28%3. Donc pour la France si généreuse, on repassera.

Et si on regarde au niveau mondial, quel est selon vous, le pays qui accueille le plus de réfugiés ?

Ca doit être en Europe pour qu’on nous répète inlassablement que c’est un si lourd fardeau... Et bien non, figurez vous!  C’est le Pakistan qui arrive en tête des statistiques du HCR (l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés), avec 1,6 million de réfugiés, suivi de l’Iran avec 857 000 réfugiés  et du Liban qui en compte 856 000.

Le Liban a, sur son sol, 178 réfugiés pour 1 000 habitants, ce qui, rapporté à la France, donnerait quelque 12 à 15 millions... Or, on estime à environ 165 000 le nombre de personnes disposant du statut de réfugié politique en France (0,29% de la population). C’est une goutte d’eau, nous sommes tout à fait en capacité de les accueillir.

Contrairement aux idées reçues, ce sont les pays en développement qui reçoivent la majorité des personnes en demande de protection – 90% des demandeurs d’asile et des réfugiés vont dans des pays proches ou frontaliers, donc l’Europe n’est absolument pas la zone du monde la plus affectée. Par rapport à la situation des réfugiés syriens par exemple, l'exemple est flagrant.Alors que le nombre de déplacés va bientôt atteindre la barre des 4 millions, l'ONU a demandé que 30.000 d'entre eux soient « réinstallés » dans des pays occidentaux. L’Allemagne a promis d’en accueillir 20000, la Suède 1200, la France, devinez combien ? 500. L’immense majorité de ceux-ci (97%) s’installent au Liban, en Jordanie, en Turquie ou en Irak. Nous sommes loin d’être envahis. Le monde entier ne rêve pas de rejoindre l'Europe. Relisez les chiffres ci-dessus pour comprendre à quel point c’est faux.

De plus, on réduit le migrant à son statut de migrant, comme si l’unique but de sa vie était de venir frapper à notre porte, mais derrière chaque demande d’asile se cache un homme ou une femme avec son histoire, son passé, un homme ou une femme qui a grandi quelque part, a eu une enfance, a des attaches, un endroit où il s’est senti chez lui. Je me souviens de ce Monsieur tchétchène qui m’évoquait les larmes aux yeux les montagnes de son enfance, car jamais il n’aurait pensé ne pas vieillir a leurs pieds ou de ce Monsieur bangladais qui s’était effondré dans mon bureau car il venait d’apprendre la mort de son père au pays et savait qu’il ne pourrait même pas lui rendre un dernier hommage… Qui voudrait vivre ca ? Franchement, qui ? Sans parler des trajets abominables pour atteindre l’Europe tristement illustrés par les récents  naufrages en Méditerranée…4

Vous pensez que quand on vient de pays comme la Somalie ou l’Érythrée on vient parce que le système d’allocations est plus avantageux en France que chez soi ? Il faut arrêter la plaisanterie, imaginez un instant ce que cela représente de tout quitter et vous comprendrez qu’on part parce qu’on n’a pas le choix.

Vous voudriez vous, rester dans un État où règne la terreur, la guerre, où vous avez peur chaque jour pour vos enfants ? Un Monsieur sri-lankais que je suivais et qui dormait dehors faute de solution d’hébergement m’a dit un jour “C’est très dur. Mais au moins ici je suis libre et je n’ai plus peur en permanence.”

Renseignez-vous sur les régimes politiques en Somalie ou en République Démocratique du Congo, demandez-vous si vous resteriez en Syrie dans la situation actuelle. Ou en Russie si vous êtes menacé de mort parce que vous avez écrit un texte qui déplaît aux autorités. En Guinée où votre fille se ferait potentiellement exciser comme vous dès le plus jeune âge.

L’espoir d’une vie meilleure est équitablement partagé sur notre planète et ne nous est pas réservé parce que nous sommes né du bon coté de la barrière.

Plus généralement, l'immigration est toujours présentée comme un problème, alors même que de nombreuses études indiquent que l’immigration est positive pour l’État français, en termes démographiques, en termes de croissance, de savoir, de diversité et qu’elle rapporte même de l’argent (12 milliards par an tout de même selon une équipe de chercheurs de l’Université de Lille)5. C’est donc le regard médiatico-politique sur les migrants qu’il faut réussir à changer. Et ne pas céder aux discours populistes qui prospèrent à l’aune de la montée du Front National qui trouve là un terrain fertile en ces temps de récession économique.

Nos démocraties peuvent tout à fait accueillir ces migrants, et au lieu de succomber à un populisme mortifère, devraient réfléchir à une politique migratoire de manière plus sereine et apaisée et arrêter de faire des migrants les boucs émissaire de nos sociétés.

Sinon c'est notre humanité qu'on perd peu à peu.

1- Chiffres Eurostat
2- Chiffres Ofpra
3- Chiffres Ofpra
4- A ce propos, lire le magnifique livre de Fabrizio Gatti “Bilal sur la route des clandestins”, ed. Liana Levi, 2008.
5- Courrier international, Les très bons comptes de l’immigration, 27/04/2012

Migrants : et si ouvrir les frontières générait de la richesse ?

Par Maryline Baumard

Imaginez que tous les pays ouvrent en même temps leurs frontières et autorisent la libre circulation des individus sur leur territoire. Que se passerait-il dans l’immédiat ? Au bout de vingt-cinq ans ? Hier considérée comme une utopie, cette question est devenue un véritable objet d’étude. Et les scientifiques commencent à y apporter des réponses, qui n’ont pas grand-chose à voir avec les timides mesures prises face à la crise migratoire au sujet de laquelle l’Europe se déchire. Le sujet, pourtant, reste dans le secret des laboratoires. Il en sera ainsi tant que les gouvernants construiront leur ­politique dans ce domaine en se laissant guider par l’opinion publique plutôt que par les résultats scientifiques.

(lire la suite de l'article)

Qui sont ces migrants ?

Dans le monde entier, plus de 50 millions de personnes ont fui leur foyer. Chaque jour, des milliers d’autres font de même.

[...]

Pourtant, « quand on leur demande qui ils sont, les réfugiés se présentent rarement comme tel. Ils nous parlent de leurs métiers, de leurs familles, leurs passions… », témoigne Leagh Foster, responsable de la campagne mise en ligne par le HCR à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, le 20 juin, sur un site dédié.

(lire la suite de l'article de Julien Duriez)

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La Convergence francilienne 2015

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Notez-le, la prochaine Convergence francilienne aura lieu le dimanche 7 juin 2015.

La Convergence francilienne, c’est l’occasion de défendre le vélo comme moyen de déplacement actif, vecteur non polluant de bien-être et alternative concrète à la voiture.

C’est aussi aussi un moment pour rappeler aux élus franciliens que les cyclistes potentiels sont nombreux et qu’il faut accélérer les timides politiques cyclables entreprises çà et là, pour que les itinéraires empruntés par la Convergence francilienne soient cyclables tout au long de l’année.

Ce grand rassemblement manifestif est organisé par MDB en partenariat avec des associations franciliennes, et le soutien de la région Île-de-France et d’une centaine de villes franciliennes. La Convergence permet à tous, le temps d’une journée, de partager la joie d’être ensemble à vélo, de découvrir des itinéraires pour rejoindre Paris puis participer à une parade colorée et bon enfant dans des rues délivrées un temps des autos, jusqu’au cœur de la capitale.

    • Le principe : des cortèges de cyclistes grossissent en se rapprochant de Paris où ils se rejoignent au cœur de Paris (Louvre-Rivoli) pour une parade finale qui les mènera vers 13 h 30 sur les pelouses des Invalides pour un pique-nique géant.

    • Qui peut y participer ? Tout francilien sachant faire du vélo. La participation est gratuite et ouverte à tous.

    • Le matériel : Votre vélo en état de marche, votre pique-nique, de la bonne humeur et une tenue colorée en fonction des parcours : orange pour la branche de Versailles, vert pour celle de Colombes, violet pour celle de la Villette, blanche pour celle de Vincennes et rouge pour celle d’Antony.

    • S’inscrire ? Pas nécessaire, il suffit de se rendre à l’heure au point de rendez-vous le plus proche de chez vous : les Capitaines vous y accueilleront
      (consulter la carte).

    • Comment rejoindre les rendez-vous et revenir de la fête ? À vélo bien sûr, mais si vous habitez loin et ne pouvez partir tôt, et pour revenir sans fatigue, utilisez les transports en commun : le dimanche le transport des vélos est gratuit et sans restriction sur tous les trains RER et Transilien (chaque voyageur doit être muni d’un titre de transport ou d’un pass Navigo). Profitez-en ! Si vous êtes nombreux, répartissez les vélos sur les plates-formes des voitures en veillant à ne pas obstruer la circulation à l’intérieur du train. Les couleurs des tenues permettront de se retrouver et de faire des cortèges de retour.

    • Le pique-nique aux Invalides : après l’effort, le réconfort ! Les pelouses vous sont réservées pour partager en toute convivialité les chefs d’œuvre culinaires que vous aurez préparés.

    • Mais si j’habite Paris ? Les Parisiens sont invités à rejoindre le point de départ d’un des parcours terminaux (Versailles, Vincennes, Antony, Colombes ou Saint-Denis), ou à se joindre à la partie parisienne des parcours.


Après le succès de l’édition 2014, nous vous invitons à venir toujours plus nombreux : il reste encore de l’espace à remplir place de la Concorde !

>>> voir le reportage diffusé sur France 3 à l’occasion de l’édition 2013
>>> voir le reportage diffusé sur BFM-TV à l’occasion de l’édition 2013
>>> voir le reportage diffusé sur TF1 à l’occasion de l’édition 2013


C'est aussi l'occasion de faire une belle balade en vélo dans Paris. Alors venez nombreux !

Pour ma part ce sera départ depuis Vincennes :)

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En France, 100 % d'électricité renouvelable n'est pas plus coûteux que le nucléaire

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C'est un véritable brûlot que vient, à son corps défendant, d'allumer l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), établissement public placé sous la tutelle des ministères de l'écologie et de la recherche. Une étude, qu'elle a commandée et pilotée, conclut qu'à l'horizon 2050, la France pourrait tirer la totalité de son électricité de ressources renouvelables, sans nucléaire. Et cela, à un coût comparable à celui de l'atome.

La présentation de ce document avait été déprogrammée d'un colloque organisé les 14 et 15 avril à Paris, l'agence expliquant qu'il « n'était pas finalisé » et qu'il serait rendu public dans les prochains mois. Gênant pour le gouvernement, au moment où la loi de transition énergétique – qui prévoit le maintien d'un socle de 50 % de nucléaire – arrive en deuxième lecture devant l'Assemblée nationale, ce rapport a finalement été publié dans son intégralité par le site Mediapart.

Intitulée « Vers un mix électrique 100 % renouvelable en 2050 », l'étude de 120 pages a été établie « avec la contribution de la Direction générale de l'énergie et du climat » (qui dépend du ministère de l'écologie) et, précise le préambule, « dans un objectif de robustesse et de solidité scientifique, les hypothèses, méthodologies et résultats ont été confrontés à un comité scientifique constitué d'experts nationaux et internationaux ».

[...]

Qu'en pensent les professionnels ? « Il s'agit d'un travail vraiment fouillé qui a le mérite d'ouvrir le débat sur la faisabilité d'un tel scénario, estime Damien Mathon, délégué général du Syndicat des énergies renouvelables. Les renouvelables sont en phase d'accélération et s'approcher d'un objectif 100 % renouvelables en 2050 n'est pas irréaliste, même s'il est trop tôt pour dire si c'est 75 %, 80 % ou plus. »

[...]

Le Monde, En France, 100 % d'électricité renouvelable n'est pas plus coûteux que le nucléaire.

 

Mais pourquoi attendre 2050 pour réduire la part du nucléaire de notre électricité alors qu'il est déjà possible de s'en passer entièrement dès aujourd'hui ? "La France 100 % renouvelable : et si nous la construisions ?" c'est ce que propose de faire mon fournisseur d’électricité Enercoop, le seul en France à s’approvisionner directement et à 100 % auprès de producteurs d’énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique et biogaz).

Mediapart s'est procuré un rapport commandé par l'Ademe sur une France 100 % renouvelable en 2050. D'après ce rapport, le potentiel des énergies renouvelables est colossal, et ne coûterait pas beaucoup plus cher que de maintenir le nucléaire. Mais il dérange puisque sa publication a été repoussée : il devait être présenté lors d'un colloque organisé par l'Ademe les 14-15 avril, cette présentation a été annulée. Le rapport a été publié par Mediapart en intégralité, et aujourd'hui relayé massivement par les médias.

Le débat que l'administration voulait fermer a finalement bénéficié d'une belle publicité, amplement méritée.

Enercoop publie ce rapport sur son site internet, car la mission de notre coopérative, qui œuvre pour une énergie 100% renouvelable et citoyenne, est basée sur l'implication des citoyens dans l'avenir énergétique de leur pays, de leur territoire. Car nous pensons qu'une France 100% renouvelable est possible et, surtout, nous voulons une transparence maximale en terme de choix énergétiques pour notre pays.

Télécharger le rapport

 

 

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Ce que je pense du projet de loi sur le renseignement présenté par le gouvernement français

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se trouve bien résumé dans la lettre ouverte de Laurent Chemla :

 

Lettre ouverte aux traîtres à la République


C'est à vous, députés et sénateurs qui allez bientôt voter d'une seule voix le projet de loi sur le renseignement présenté par le gouvernement, c'est à vous que ce message s'adresse.
Nous le savons déjà : vous allez le voter. Sans aléa, après un débat cosmétique qui ne servira qu'à corriger quelque coquille ici ou là, vous allez le voter.

Contre l'avis de deux juges antiterroristes, contre les avis du Syndicat de la Magistrature, de la CNCDH, de l'ordre des Avocats de Paris, de la CNIL, de l'Union Syndicale des Magistrats, vous allez le voter.
Contre l'avis d'Amnesty, de RSF, de la LDH et de la Quadrature du Net, vous allez le voter.

Alors que, de partout, les mises en garde affluent, que le New York Times fait sa Une sur "La France, État de surveillance", que le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe s'inquiète de la dérive sécuritaire liberticide que cette loi implique, et que même le président de l'actuelle commission de contrôle des interceptions de sécurité dénonce la faiblesse des garanties qu'apporte ce texte, vous allez le voter.

Mesdames, messieurs, vous qui, en théorie, représentez la voix du peuple, c'est ce même peuple que vous vous apprêtez à trahir.

En mettant (quel que soit l'enrobage sur le pseudo-anonymat des données recueillies) la totalité de la population sur écoute, en traitant chaque citoyen de ce pays comme un terroriste en puissance, c'est le peuple que vous vous apprêtez à dénoncer comme votre ennemi.

Je vous engage à relire, avant de voter, la définition de ce qu'est un État policier selon Raymond Carré de Malberg :

"L'État de police est celui dans lequel l'autorité administrative peut, d'une façon discrétionnaire et avec une liberté de décision plus ou moins complète, appliquer aux citoyens toutes les mesures dont elle juge utile de prendre par elle-même l'initiative, en vue de faire face aux circonstances et d'atteindre à chaque moment les fins qu'elle se propose : ce régime de police est fondé sur l'idée que la fin suffit à justifier les moyens. À L'État de police s'oppose l'État de droit."

En écartant le juge judiciaire de toute autorisation préalable aux écoutes administratives, c'est l'État de droit que vous détruisez : garant des libertés individuelles, sa remise en cause nie le principe de séparation des pouvoirs.

Et tout ça pour quoi ?

S'il fallait en croire les maigres débats - imposés par la procédure d'urgence choisie par le gouvernement - cette négation de tous nos principes fondateurs serait nécessaire pour lutter contre le terrorisme.

Mais cette loi ne concerne pas que la lutte antiterroriste, loin de là : elle s'applique à tous les domaines de la vie en société. "Engagements internationaux", "Intérêt public", "Intérêts économiques et scientifiques", voici quelques-uns des motifs pour lesquels vous allez autoriser, sans contrôle, la surveillance de chaque citoyen.

Oh, bien sûr, pendant le débat public on ne vous agitera que la menace terroriste, à l'instar de la fiole censée prouver l'existence d'armes de destruction massives en Irak, on vous répètera l'argument mensonger selon lequel "90% des jihadistes se sont radicalisés sur Internet". Oh, oui, si vous osez vous opposer à ce déni de démocratie, on vous accusera d'être responsables des attentats qui pourraient avoir lieu sans ce texte.

Le même argument vous a déjà été servi pour justifier le récent texte qui permet la censure administrative - sans juge - de n'importe quel site Internet (et dont l'OSCE demande déjà qu'on le reconsidère).

Pourtant, dans cette période où chacun s'interroge sur ce qui nous définit comme une société, c'est justement le moment de vous souvenir des principes qui ont fondé ce pays.

Mais, dans ce moment où le terrorisme n'a de cesse que de voir disparaître toute pratique démocratique, c'est justement l'instant où vous devez vous lever pour défendre les droits fondamentaux et pour rejeter les arguments démagogiques.

Mesdames, messieurs, s'il vous reste ne serait-ce qu'une once de probité, vous lirez les arguments des opposants à ce texte, sans œillères et sans calcul politique de bas étage.

Et si vous ne voulez pas être un traître à la république, madame, monsieur, vous vous y opposerez à votre tour.


Pour plus de détails sur ce qui se trame, n'hésitez pas à consulter les différents articles écrits sur le sujet par Tristan Nitot.

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