Confession à la lune
Oui, je sais, je vois d'ici la mine déconfite de certaines, mais voilà, c'était juste une histoire inventée. En partie. De toute façon, je n'ai jamais réussi à bien raconter les histoires. Les enluminures, les effets de style, les descriptions longues et minutieuses sur plusieurs pages, ce n'est pas mon truc. A un moment ou un autre, il y a un écueil qui affleure et achoppe, qui fait chavirer le navire, ce qui a pour conséquence que l'échafaudage s'étale lamentablement sur le sol.
J'ai longtemps hésité à écrire cette note. Si, si, il faut me croire. En fait je crois bien que j'avais besoin d'un peu d'air frais, d'un peu d'extravagance. Envie de changement. Sans doute en rapport à mes dernières lectures. Des années que je n'avais plus lu quelque chose qui m'ait tant chahuté le coeur comme ça. Je ne me savais même plus être capable d'une telle émotion.
Mais plus cela avance dans le temps et plus je me rends compte que c'est intenable comme situation. Ma santé mentale en prend un coup à chaque nouvelle page. J'ai déjà donné. J'ai eu mal. Très mal. Je ne suis pas sûr de vouloir repartir pour un nouveau tour sur ce chemin là.
Je me suis longtemps posé la question de savoir si après ce qu'elle m'a fait, j'allais m'en remettre. Et pourtant, petit à petit, jours après jours, mois après mois, années après années, j'ai remonté la pente. Cela n'a pas été de tout repos, ni avec une facilité déconcertante, non, loin de là. J'ai fait mon chemin de croix, on dira. Avec ses arrêts quand la charge était trop lourde, ses pluies de coups de fouet, et, de temps en temps, une âme charitable venait m'apporter un peu d'eau pour m'aider à tenir. Et j'ai finalement fini par émerger, au prix de longues nuits blanches à penser à elle et à ce que j'aurai pu vivre avec elle si je n'avais pas fait l'idiot à cette époque là.
Et la voilà de nouveau, qui réapparait après toutes ces années. Le hasard sans doute. On dira ça.
Elle me lit, je le sais. Elle est même venue me sussurer des paroles que je n'avais plus entendu depuis bien longtemps. Et je sens la pointe des clous qui s'enfoncent dans ma chair.
J'ai eu une conversation avec un ami hier midi, sur Dieu. Mettez un athée qui connait son cathéchisme face à un convaincu qui le connait tout autant, voire plus, et cela vous donne une bonne fin de repas. Bien animée. Difficile de lui faire admettre que Dieu n'existe pas, lui, il le voit partout. Et c'est à peine si à la fin, il n'essayait pas de me faire revenir dans le droit chemin. Sauf que je ne suis pas agnostique.
Bref, trêve de digression, revenons à elle. Elle est comme Dieu. Elle n'existe pas, et pourtant elle est tout autour de moi. Dans mes pensées, dans mes rêves, dans mes paroles, dans les mots que je ne prononce pas, dans mes silences. Dans mes envies de l'appeler à tout bout de champ. Dans mes envies de vouloir croire en elle, alors que je ne crois pas en Dieu. Cette femme, cette "Alice", c'est la tentation du Christ. Avec un an de retard.
Alors je lui dis que tout va bien, que je suis fort et capable d'endurer. Mais en fait, en vrai, quand elle tourne la tête, je la regarde, troublé, terrifié. Et le doute s'installe. Profond, sans fond. Ai-je encore révé ? Est-ce bien elle ? Est-elle réelle ou bien est-ce un mirage ? Est-ce bien à moi qu'elle s'adresse ? Et je vois alors les dégâts qu'elle fait sur moi. Je me dépêche alors de colmater les brêches autant que possible, je rafistole tout ça avec moults étais et autres madriers avant qu'elle ne me regarde de nouveau. Et je souris. Béatement. Comme si rien ne s'était passé. Ravi qu'elle s'intéresse à moi.
Mais je sais au fond de moi que je ne tiendrai plus longtemps à ce rythme là. Que je suis sur le point de reprendre sous peu le chemin de la perdition. Et que cela sera encore plus dur que la
Et je me souviens d'elle, avant. Et j'ai envie que cela recommence. Paradoxalement.
J'crois bien que j't'aime plus que je ne le devrais.
Sur ce, bonne Pâques à tous. J'irai voir dimanche si je suis revenu de Rome.
#1 - Rico'n'co a dit :