A l’ombre des figuiers sauvages

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La Mort

Cela fait longtemps déjà que je suis en paix avec la Mort.

Comme je le disais dans un commentaire précédent, la mort est un processus naturel.

C'est comme quand on regarde un documentaire animalier. La mort y est omniprésente, et pourtant peu de personnes vont s'émouvoir du buffle qui va se faire égorger par les lions, puis dévorer encore vivant. De même peu de personnes auront une pensée émue pour le brin d'herbe qui se fera broyer par les machoires du mouflon. Et encore moins quand une bande de dauphins encercle un banc de sardines pour s'en faire un festin.

La mort des uns assure souvent la vie des autres. C'est paradoxalement ce que l'on appelle "le cycle de la vie".

Pour les êtres humains c'est différent. A cause de l'affectif. Et de la grande question de savoir ce qu'il se passe après la mort.

Alors forcément depuis l'aube de l'humanité on se la pose cette question. Je vous épargnerai le cours d'histoire sur l'origine des sépultures et autres sacrements que l'on fait aux morts. Déjà parce que je n'ai pas envie de me replonger dans mes bouquins et de vous en faire un condensé derrière, et qu'en plus si vraiment le sujet vous intéresse, je vous sais capable d'aller faire vos recherches tout seuls.

Non, je voulais vous parler de ma vision de la mort. De son concept plutôt, car j'ai eu très peu à faire avec la Mort en elle-même. Peu de décès dans ma famille proche, ni dans le cercle de mes intimes. Je n'ai jamais été vraiment en situation non plus de devoir sauver ma peau à tout prix, et les quelques fois où cela s'est produit j'étais déjà en paix avec la Mort.

Pour moi la mort est un passage, et non pas une fin. Un passage vers je ne sais pas quoi.

Je ne me pose pas la question de savoir ce qu'il y a après la mort. Ou du moins je ne me la pose plus. Quand j'étais petit, j'ai dû me le demander comme chacun d'entre nous. Et que depuis, j'ai dû trouver des réponses qui font que je ne me pose plus cette question.

Je ne crois pas au Paradis, car il faudrait alors que je croie en l'Enfer. C'est en grande partie pour cela que je suis athée. Accéder au Paradis ou finir en Enfer étant quand même la base de la religion, ça coince un peu derrière pour avaler le reste. Idem pour la résurrection, je ne crois pas à un retour après la mort. Par contre l'idée de la réincarnation ne me choque pas. Sans aller jusqu'à dire que j'y croie vraiment.

J'ai de ce coté là une approche plutôt bouddhiste. Non pas en terme religieux, mais en tant que philosophie de vie. En partie due à la lecture du “Livre Tibétain de La Vie et de la Mort”, ou bien est-ce parce que j'avais déjà cette approche avant que j'ai lu ce livre ensuite. Cela remonte à longtemps, je ne m'en souviens plus trop.

Toujours est-il que j'aime bien cette idée d'un nirvana, d'atteindre l'Éveil un jour. Alors je travaille mon karma. Mais j'ai un méga retard en ce moment. A cause de quelques bétises qui datent de quand j'étais plus jeune. J'essaye de me rattraper depuis. C'est long, ça prends du temps. Et c'est clairement dans une autre vie que je deviendrai Bouddha.

Mais cela à l'avantage de séparer l'enveloppe charnelle et l'esprit. Mon corps n'est que le receptacle de mon esprit. La mort de mon corps devient donc insignifiante. Seul l'esprit compte.

Bien sûr je peux me tromper. Peut-être qu'après la mort il n'y a rien. Cependant j'ai eu l'occasion de discuter avec un pion au lycée pendant les pauses au sujet des "expériences de mort imminente" (Near Death Experiences), c'était intéressant et constructif. Rêves, hallucinations ou réalités ? Je crois bien que jamais je n'aurai la réponse vivant.

Ai-je peur de la Mort ? Non. Ai-je peur de mourir ? Un peu, juste le temps de ne plus y penser.


Il y a cette phrase qui résume la situation : "C'est un beau jour pour mourir". Je ne sais plus trop d'où provient son origine, ni quand je l'ai entendue la première fois. Dans la bouche d'un vieil indien d'Amérique du Nord sans doute.
Accepter la Mort, l'apprivoiser, ne pas en avoir peur, être en harmonie avec la vie et la mort, être prêt à partir un jour pour un long voyage, c'est en substance ce que dit cette phrase.

Veux-tu que je te dise ce que je trouve admirable dans la Vie ? Ce sont les petits signes qu'elle te laisse. Cette phrase dont je parlais précédement, je la lis tous les matins en sortant ma moto de son box, car quelqu'un l'a taguée sur un des murs (signé ou dédicacé à "Anaïs").

4 commentaires

#1  - Indilou a dit :

Ton texte est beau.

Je ne suis pas du tout en paix avec la mort; mais alors, pas du tout.
Je sais que ce n'est pas intelligent puisque, comme tu le dis, c'est un processus inéluctable, mais je ne peux pas faire autrement.
J'ai surtout peur de la mort de ceux que j'aime, beaucoup plus que de ma propre mort. Car si je meurs ce sera fini pour moi et basta, alors que si eux meurent avant moi, je devrais vivre avec le manque d'eux. Et ça c'est terrible à imaginer.

Je réfléchis beaucoup en ce moment à la vieillesse de mes parents. Je me dis que je dois me préparer à leur disparition inéluctable. Mais rien que l'idée me fait pleurer.
Quant à ma Douce, quand elle part le matin sur sa moto, je me demande parfois "Et si c'était la dernière fois que je la voyais ... ?!".

Mon oncle et ma tante ont reçus un coup de fil une nuit, il y a 6 ans; on leur annoncait que leur fille de 18 ans venait de se tuer dans un accident de voiture. Depuis, je sais que la mort nous frôle à chaque instant.

Je hais à ce point la mort que je suis végétarienne. Me nourrir par la mort d'êtres vivants est une idée qui me débecte. D'ailleurs, contrairement à ce que tu dis: y'en a qui sont émus par le buffle qui se fait égorger par le lion (j'évite de regarder les documentaires animaliers à cause de ça ;)).

#2  - mijie a dit :

Je n'ai pas non plus peur de ma propre mort, du moins je suppose que si je n'y pense jamais c'est que je ne la crains pas. Mais je me réveille souvent en pleurs, ayant rêvé que mes parents, grands - parents étaient morts subitement.
Pour ce qui est de l'après, je crois à un espèce d'état second permanent, plutôt agréable, je n'ai pas d'idée précise. Genre, surveiller les vivants en se marrant bien.
Une chose est sûre, pour le moment, l'idée de me réincarner m'ennuie plutôt. Vivre éternellement, on doit se lasser, non?
;)

#3  - ab6 a dit :

La phrase c'est dans Little Big man, un chef d'oeuvre.
Moi ce n'est pas la mort qui me fait peur, c'est la maladie, le temps passé a savoir que "tu", "il" "elle" va mourir

#4  - Kowalsky a dit :

Moi aussi l'idée de perdre mes parents / ma famille me fait pleurer, mais je l'accepte. Parce que je sais qu'un jour ou l'autre cela va arriver. Et que de toutes façons, je ne pourrais rien y faire pour l'empêcher.

Indilou > "Aucun parent ne devrait voir son enfant mourir avant lui."

Tu sais quoi, je me demande soudainement si ça existe les restos japonais végétariens ?

mijie > Le but de la réincarnation c'est quand même au final d'atteindre le nirvana. Et une fois que tu y es, plus besoin de te réincarner, ni de vivre ou mourir. En gros ton espèce d'état second permanent, sans le samsara en préliminaire. ;)

ab6 > Il n'y a pas que dans ce film que je l'ai entendue/lue.

"Today is a good day to die"

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